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Avant que Pierrot perde sa folie

J0 Cannes 2018

08.05.18 - par William Robin

10H30 : Départ pour Cannes. Y'a plus de ciel , plus de flammes. Le Kechiche était quand même brillant mais putassier et je n’aurai aucun film avant demain matin pour me laver de ses images. Tout le monde parle de l'anniversaire de 68, de l’annulation du festival. Pourvu qu'il y ait des choses à raconter c'est l'essentiel, même si force est de constater qu'un film vaut toujours plus qu'un discours, ne serait-ce que pour sa dimension collective. Mais il n'y a pas que cet hommage cette année à Cannes, Il y a Le Grand Bleu (1988), de Luc Besson, et c'est bien pour ce genre de choses que parfois les mouvements révolutionnaires s'embrasent.

 

12H43: On passe devant la montagne Sainte Victoire de Provence, lieu de tournage de Near Death Experience (2014). Prenons ça comme un présage.

 

13H48 : Confirmation pour la séance du nouveau film de Pawel Pawlikowski Zimna wojna, en compétition officielle, film qui semble être dans la suite de son précédent et merveilleux film Ida (2013). C'était mon dernier arrêt avant Cannes, maintenant dernière ligne droite pour le pays des pellicules et toutes autres sortes de peaux mortes.

 

16H34 : Cannes, je viens de croiser Paulo Branco (NDLR : un des producteur de L’homme qui tua Don Quichotte en conflit avec Terry Gilliam, il demande l’interdiction de sa diffusion en clôture du festival de Cannes) au marché du film, même en pleine guerre, le mec deale chez l'ennemi, ça ne sent pas bon pour lui mais bon pour la clôture du festival. Pour l'instant l'endroit ressemble plus au Paradis du Luxe, de la paparazzitude et du capitalisme. Vivement que la croisette disparaisse derrière les murs des salles de cinéma.

 

19H02 : La cérémonie a démarré pendant que je m'allonge sous le chant barbare des Goélands. Les copains de Grenoble se sont fait tabasser, la présidence de Lyon 2 annonce la pire des répression possible pour le passage des partiels, c'est une honte, un manque de dignité humaine effroyable, la même depuis toujours par nos gouvernements et leurs petites mains. Mais la croisette s'en fiche, la croisette semble se ficher du monde, seul les cinéphiles, j'entends par là ceux qui aiment le cinéma pour ce qu'il est et non pour ce qu'il a, marchent, songeant le badge autour du cou, à l'absurdité de ce monde qui grouille autour dans une illusion d'importance.

 

Tiens, tout à l'heure j'ai éternué en marchant le long des hôtels de luxe. Je me voyais mal cracher la grosse glaire (décidément) qui m'était arrivée sur la langue. Du coup je l'ai ravalé comme ma honte.

 

Il est l'heure de se restaurer. Bon appétit.

 

19H40 : je regarde la cérémonie d'ouverture à la télé, Thierry Fremaux vient de monter sur scène, depuis quand prend-il la place du maître de cérémonie ? Le grand grignoteur va bientôt avoir gobé tout le fromage. Les Minguettes sont si loin désormais, le judo aussi. Quoi de mieux pour fêter 68 que le narcissisme et la monarchie ? A t’il interdit les selfies sur le tapis rouge pour qu’on ne puisse voir que lui ?

 

23H44 : La nuit sera tranquille. Le film que je vois demain matin est prometteur, sa bande annonce est magnifique, j'espère démarrer sur une oeuvre puissante. Belle nuit.

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