
De la guerre froide à la coupe du monde, ne vivent que les silences.
J3 Cannes 2018
11.05.18 - par William Robin
07H23 : Hier j'ai peu écrit, la fatigue a eu raison de moi. J'aurais voulu vous parler du sandwich à l'agneau (que je pensais au veau) à midi, aux gens insupportables des files d'attente, du gars qui vend Libération haut et fort, de Michel Denisot et de la décomposition du cinéma de fiction français. Mais on verra ça plus tard.
10H09 : Zimna Wojna est vraiment fade. La seule guerre froide du film est celle déclarée au spectateur. Palikowski enfonce toutes les portes de l'évidence avec une subtilité que l'on pourrait confondre avec de l'insignifiance. Les cadres magnifiques sont toujours là et on peut tout de même saluer le premier quart d'heure du film qui est remarquable. Une grande déception, espérons qu'il ne s'enfonce pas plus loin dans le couloir de l'oubli.
10H50 : Il fait très beau aujourd'hui à Cannes. On dirait que tout roule pour tout le monde. Les débats y vont fort sur Internet et ailleurs au sujet de Rafiki. Le film a un sujet qui est au cœur des problématiques mondiales mais l’œuvre d'art en elle même n'est pas très bonne. Elle possède même beaucoup des défauts qu'on reprochait aux cinémas occidentaux il n'y a pas si longtemps. Doté d'une grande complaisance, d'une mièvrerie terrible, on n'arrive pas à croire en leur amour.
Aujourd'hui l'important pour certains est le geste politique sans prise en compte de l'artistique. Ça n'est pas possible de penser l'un sans l'autre, l'absence de l'un annule l'autre automatiquement. L'art ça n'est pas la vie mais sa représentation. D'aucun diront qu'il y en à marre des films avec des hommes blancs parisiens hétérosexuels de bonne famille qui cherche un sens à leur vie. Je comprends cet agacement mais la récurrence de ce schéma est plus une conséquence qu'une cause, elle est résultat de l'accessibilité du cinéma, c'est là où il faudrait changer les choses. Pour le reste chacun parle de ce qu'il connaît et de toutes manières l’homme blanc hétérosexuel est aujourd'hui dans une situation de déclin, s'il fait un film sur sa propre vie ça lui sera reproché comme étant un énième film héritier de la Nouvelle Vague. Si il fait un film sur un sujet qu'il ne représente pas en tant que personne ont le fusillera pour récupération et illégitimité de la représentation. Pour fantasme. C'est la vie, c'est comme ça, il faut s'y faire et essayer de creuser, il y a de place pour tout le monde.
11H57 : Hier une personne à décrit Sauvage comme un croisement de Sade et Pialat, la véracité de ce propos est équivalente à celle qui dirait que Damien Saez est entre Charles Baudelaire et Bertrand Cantat.
13H59 : En salle après plus de deux heures d'attente à la semaine de la critique. Un autre premier film français.
16H18 : Sheherazade est un joli film. Simple, classique, peut être même un peu convenu , en somme du déjà vu mais du déjà vu bien fait. L'histoire d'amour est rondement menée et la fin du film touchera les cœurs fragiles.
17H42 : Je suis entré à la quinzaine après une petite frayeur en souvenir de la dernière fois. Je m'en vais écouter les silences.
20H12 : Los Silencios est un beau film mais encore une fois pas à la hauteur de ce qu'il laissait envisager : 10 ans de travail pour une œuvre semblable à d'autres. Il reste néanmoins quelques aspects novateurs et une grande finesse du regard. Un film qui vaut le déplacement.
00H41 : Diamantino est un film très étrange, avec énormément de belles idées mais qui sombre vite dans le navet brico-dépôt en période de solde. Il se fait tard et je ne trouve pas grand chose à dire, c'est le genre cinéma qui endort les derniers papillons de la conscience. Bonne nuit.